Cristóbal Pazmiño passe le relais

Raconte-nous ta rencontre avec la guitare
Autant que je me souvienne, dans ma famille il y a toujours eu des instruments de musique, ce qui est un privilège. A chaque réunion familiale ou avec des amis, ça finissait par un concert improvisé où mon père, mes frères et sœurs chantaient ou jouaient sans se prendre pour des artistes, seulement pour le plaisir de participer à la fête ; la musique pour nous a toujours été synonyme de fête. La guitare m’a toujours attiré, étant enfant. Avant de savoir jouer, je regardais les cordes de la guitare et me demandais comment on pouvait sortir autant de belles mélodies avec seulement 6 cordes, ça me semblait magique. Plus tard, à 12 ans, j’ai assisté à une répétition du groupe de mon collège/lycée, les musiciens avaient entre 16 et 17 ans. Ce jour-là, le bassiste venait d’abandonner le groupe, alors sans hésiter « ils » m’ont désigné bassiste, seulement je ne connaissais rien à la basse !!! et le bal du lycée était prévu dans quelques semaines, c’était mon premier concert…
Ensuite, j’ai commencé à apprendre la guitare avec mon frère José Maria qui était la star du lycée et du quartier. Nous jouions les tubes de Santana et les slows à la mode pour aller chanter sous les fenêtres des futures conquêtes (mais ça ne marchait pas toujours…) alors il fallait s’appliquer et jouer mieux pour que ça marche.
Qu’est-ce qui a guidé ton choix pour t’installer à Vendôme ?
Tout d’abord, la beauté de la ville. Le hasard a fait que je visite le centre ville un dimanche ensoleillé du mois de mai 1992, je suis tombé sous le charme ! Vendôme est une très belle ville. De plus, il y avait déjà le TGV. Pour les parisiens que nous étions, c’était une invitation. Un an plus tard nous étions installés à Vendôme, rue Poterie.
Comment as-tu eu l’idée de créer un festival de guitare à Vendôme ?
À mon arrivée à Vendôme, je me suis aperçu qu’il n'y avait pas trop d’activités autour de la guitare, alors avec deux amis rencontrés dans le TGV, nous avons décidé d’organiser ce qui sera mon premier concert à la Chapelle saint Jacques, il y a eu un public très nombreux, il y a avait du monde jusqu’au balcon (à l’époque on pouvait y accéder), et ma musique avait beaucoup plu. Encouragés par ce succès, nous avons décidé de créer une association pour pouvoir organiser de temps en temps des concerts : « Guitares au gré du Loir » est née en 1996. Très rapidement l’association comptait plus de 80 adhérents et tous passionnés de guitare. Tous voulaient que j’invite des artistes que je rencontrais lors de mes tournées à l’étranger. L’idée d’un 1er Festival me semblait viable car j’avais une liste d’artistes amis qui ont accepté de venir pour un Franc Symbolique : Jorge Cardoso, Juan Falu, Pedro Soler, et tant d’autres... Cette 1ère édition au Palais des Fêtes fut un très gros succès. Cela m’a forcé à poursuivre en me disant : " Pourquoi pas une 2ème édition et après on verra…" Les décideurs politiques de la ville de cette époque ne comprenaient pas trop ce qui était en train de se passer, ils étaient frileux, la guitare ne les intéressait pas. Mais quand France Inter et Frédéric Lodeon avaient consacré une émission au Festival de Vendôme aux heures de grande écoute, ils se sont un peu réchauffés, « Si Carrefour de Lodeon en parle à la radio, c’est que ça ne doit pas être si mauvais que ça… »
Ce n’est qu’à partir de 2005 que le festival de Vendôme reçoit un soutien franc et sincère avec l’arrivée du président Maurice Leroy au Conseil Général de Loir-et-Cher. Grâce à son soutien, ce festival devenait l’événement musical le plus important de notre département et les médias nationaux nous ouvraient leurs portes plus facilement. Cette nouvelle notoriété nous a aussi permis de programmer de grands noms de la guitare : Tommy Emmanuel, Bireli Lagrene, Stochelo Rosenberg, Romane, Yamandu Costa, Raphael Fays, Roland Dyens etc.
Cette année, c’est la 25ème édition. Pensais-tu que ce festival pouvait durer si longtemps ?
Les premières années, à la fin de chaque édition du festival, nous n’étions pas certains de pouvoir organiser une nouvelle édition, nous repartions à zéro et le « combat » pour obtenir des subventions devenait plus dur ; par ailleurs, mon travail de concertiste me faisait voyager constamment, la direction artistique de ce festival me prenait beaucoup de temps (et toujours bénévole). Par la suite, les choses ont évolué favorablement, les décideurs politiques actuels de la ville depuis quelques années sont beaucoup plus sensibles, ils ont envie que ce festival continue. Une chance également que dans l’association, j’ai toujours pu compter sur des personnes dévouées et passionnées, c’est grâce aux énergies de tous les membres de « Guitares au gré du Loir » que notre festival est devenu mondialement reconnu : un accueil chaleureux, une programmation de haut niveau, un public nombreux et heureux, et ça fait parler positivement de notre ville de Vendôme à l’étranger.
Là, nous arrivons à la 25ème édition, un quart de siècle au service de la musique et la culture à Vendôme, pour moi, c’est une grande fierté.
Quels sont tes projets pour l’avenir ?
Je vais pouvoir consacrer plus de temps à ma guitare et à l’écriture musicale. J’ai envie de terminer tous les morceaux que j’ai commencé à composer et qui faute de temps sont restés en chantier. Déjà un nouveau recueil vient de paraître « Encantadoras » avec des pièces originales pour guitare, duos et solos, et deux autres livres sont en préparation. Je vais pouvoir également reprendre les concerts avec mon trio avec Sébastian Cordero et Xavier Suarez : plusieurs concerts avaient été annulés à cause de la pandémie. Nous avons envie de reprendre notre activité.
Je vais également rester près de la nouvelle équipe dynamique du Festival de Vendôme présidée par Alison Morchipont, et surtout, je vais enfin pouvoir assister aux concerts sans avoir le stress provoqué par la responsabilité de la direction artistique et ce, pour les 25 prochaines années.